Alors qu’autrefois avoir le ventre rond était un signe de bonne santé et d’opulence, les canons actuels de la beauté nous interdisent le moindre bourrelet. Le diktat de la minceur anorexique promue par les magazines de mode alimente l’obsession du ventre plat pour les femmes, et pour les hommes, pourvu de « tablettes de chocolat » bien dessinées.

La silhouette en forme de sablier avec une taille très fine, les hanches larges et la poitrine opulente serait le top du top…
Tiraillé entre les considérations d’ordre esthétique et la surabondance alimentaire caractéristique de notre époque, notre ventre est devenu une préoccupation constante… Ses rondeurs sont associées à la gourmandise, aux plaisirs et aux excès. Elles symbolisent quelque chose de primitif, de bestial, voire d’obscène. Ne dit-on pas aux enfants de « rentrer le ventre » en toute circonstance comme on leur dit de se moucher ou de se laver les mains (sales) ? Nous finissons par ne plus respirer normalement de crainte que notre ventre ne se gonfle ! Ce ventre qui nous embarrasse tant, même les programmes de musculation abdominale les plus intenses et les régimes amaigrissants les plus draconiens ou les plus ciblés (régime ventre plat) n’en viendront pas forcément à bout. Certaines personnes auront recours aux grands moyens de la chirurgie plastique pour « corriger » ses formes et ses volumes : liposuccion, lifting du ventre, plastie abdominale avec ou sans reconstitution ombilicale… Orné de tatouages, piercings et autres bijoux, dévoilé innocemment par le port d’un mini pull ou d’un jeans à taille basse, le nombril est d’ailleurs lui aussi devenu, comme le ventre, un puissant instrument de séduction féminin.
Un petit tour de taille est symbole de féminité, de vitalité, de jeunesse et d’innocente virginité… Une taille fine signale que sa propriétaire n’est pas enceinte, ce qui, en langage reptilien, est assimilable à un « appel à la fécondation ». Traduction en langage « civilisé » : une taille de guêpe booste le pouvoir érotique des femmes. Le top du top, c’est la silhouette en sablier avec les hanches larges évoquant la fertilité et la maternité. En revanche, les hanches étroites procurent une allure certes plus juvénile, mais aussi plus masculine et donc moins attirante sexuellement. Tout cela a mené à l’invention au 16è siècle de divers accessoires vestimentaires inconfortables permettant l’élargir les hanches, et à celle du corset au 17è siècle. Au 19è siècle en Grande Bretagne, au temps de la très puritaine reine Victoria, il était recommandé aux femmes d’avoir le tour de taille équivalent (en pouces) à leur âge : par exemple, à vingt ans, celui-ci devait mesurer un peu plus de cinquante centimètres pour conférer à sa propriétaire un maximum de sex-appeal. Certaines femmes allèrent jusqu’à se faire retirer les dernières côtes par souci d’accroître leur pouvoir de séduction ! Et cela, à une époque où les techniques chirurgicales étaient plutôt rudimentaires…